L’open source cible l’utilisateur final

Si le secteur de l’open source a su trouver sa place comme alternative dans des domaines tels que les serveurs web ou la virtualisation, l’enjeu, aujourd’hui, se situe notamment au niveau des couches applicatives, c’est-à-dire du client final. Un défi d’une nature nouvelle, loin d’être seulement technique.

Tant au regard des grands principes que des déclarations d’intention au plus haut niveau de l’Etat, les logiciels libres ont le vent en poupe. Il suffit pour s’en convaincre de relire la circulaire « Orientations pour l’usage des logiciels libres dans l’administration », du 19 septembre 2012 (toujours en vigueur). Y sont notamment décrites les modalités pour « faciliter  le  recours » à ces logiciels libres, lesquels donnent à l’utilisateur « une grande liberté d’utilisation, de modification et de diffusion ». Dernièrement, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État en charge du numérique, rappelait que l’Etat s’est doté d’une politique de contribution aux logiciels libres et que la loi pour une République numérique « intègre le code source comme un élément qui devrait être ouvert et mis à disposition par défaut ». Il affirmait même clairement : « notre gouvernement croit fort aux logiciels libres… Le logiciel libre ressemble très fort aux valeurs de la France ». Pas moins !

Des technologies bien rôdées

Sur le terrain, en revanche, la situation est plus contrastée, expliquent les acteurs du logiciel libre qui utilisent plus volontiers le terme « open source ». Tout dépend en fait du domaine d’activité concerné. Gauthier Ubersfeld, directeur associé chez Ametys territorial (solutions web, intranet & collaboratif à destination des collectivités), estime ainsi que l’open source est une indiscutable « alternative » en ce qui concerne les « couches basses », s’appuyant entre autres sur le système d’exploitation Linux ou le serveur web Apache.

On retrouve également l’open source en matière de cloud (Kubernetes) ou de virtualisation (OpenStack), constate pour sa part Pierre Baudracco, président de BlueMind (solution complète de messagerie, d’agendas et de travail collaboratif). Pour faire simple, dans ces domaines très importants, et techniques, les technologies libres, ont fini par « trouver leur place ». Parmi les réalisations remarquables en fonctionnement, on peut citer « Lutèce », solution gratuite développée à l’initiative de la ville de Paris (et notamment adopté par Marseille), qui « permet de créer rapidement un site internet ou intranet dynamique basé sur du contenu HTML, XML… ».

L’enjeu actuel : l’utilisateur final

Pour autant, les acteurs de l’open source ont-ils atteint tous leurs buts ? Aujourd’hui, expliquent-ils, le vrai enjeu est ailleurs. Il se situe au niveau des « couches applicatives » (réseaux sociaux d’entreprise, postes de travail, logiciels métier, messageries…), résume Gauthier Ubersfeld. Autrement dit, il s’agit de séduire l’utilisateur final, un client dont l’approche, au regard de l’open source, est radicalement nouvelle et le jugement… sans pitié. Pierre Baudracco, pour résumer aussi, explique ainsi en substance que si le technophile peut se réjouir qu’une fonctionnalité prévue dans une application donne satisfaction, le consommateur, lui, se focalisera sur celle qui fait défaut, au point de rejeter le produit dans son ensemble. Et cela même si les autres fonctionnent ! Conséquence, la donne technique ne suffit plus pour convaincre. Les prestataires, commente l’un d’eux, doivent désormais intégrer l’ergonomie (les boutons, les couleurs…), mais aussi les habitudes du client et ses motivations profondes (fiabilité, sécurité, simplicité…). Schématiquement, c’est à eux de s’adapter au consommateur et pas l’inverse. Une révolution culturelle ou presque du côté des fournisseurs !

Un argumentaire de poids

Quant aux arguments de nature à faire pencher la balance en faveur de l’open source, ils restent « classiques » du côté des professionnels, mais tout aussi solides. Outre sa transparence inhérente (rendre disponible le code), l’open source apporte la possibilité de « développer ses propres modules, de faire développer ceux qu’elle veut installer, éventuellement de les changer » selon Gauthier Ubersfeld. Autant d’éléments favorisent à terme l’interopérabilité des produits open source.

Autre avantage de poids, ajoute Sébastien Richard, commercial grands comptes secteur privé et collectivités pour Avencall (solutions XiVO de téléphonie sur IP, de communications unifiées et centres de contact), la question du nombre d’utilisateurs par licence ne se pose pas. Pour schématiser, en cas de regroupement de collectivités, par exemple, et d’augmentation du nombre d’utilisateurs de telle ou telle solution, le client n’aura pas à débourser pour l’acquisition de licences supplémentaires. Du coup, la collectivité aura plutôt la possibilité d’organiser des formations pour parfaire la maîtrise technique de ses équipes et leur permettre d’avancer par elles-mêmes.

Quoi qu’il en soit, comme l’expliquait également Mounir Mahjoubi, la dynamique de l’open source, ce n’est pas seulement « rendre disponible le code », elle implique aussi d’identifier les utilisateurs potentiels, de définir des règles de collaboration, de rendre disponibles les documentations sur les usages créés, d’animer la communauté. Bref, elle signifie se connaître, se rencontrer, argumenter… Les acteurs et observateurs intéressés disposeront de deux jours pour nourrir ce type d’échanges lors d’AP Connect, le salon des solutions IT pour les administrations publiques, qui se tiendra les 29 et 30 janvier 2019 à l’Espace Grande Arche – Paris La Défense.

 

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